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Place de l’Étoile…

Publié par : cleatv42 le 29/04/2021


Prénommons-le Mohamed car je ne connaîtrais jamais son véritable prénom. Il fut le premier à me permettre d’extérioriser mon confus désir homophile un soir de galère à l’âge de 17 ans: dépourvu de mon deux-roues qui venait de m’être subtilisé pendant que j’assistais à une séance de cinéma, il ne me restait comme seule alternative que de regagner en auto-stop le domicile familial à 12 kilomètres de là depuis la Place de l’Etoile à Strasbourg.

Il faisait nuit tombante entre les frimas de fin d’automne et les prémisses hivernaux, et voilà qu’après quelques interminables minutes passées à jouer du pouce, une anodine 204 Peugeot de couleur rouge vint s’arrêter devant moi avec son seul conducteur à bord.

- « J’y t’emmène ? » a-t-il susurré doucement en baissant la vitre, dénotant ainsi son origine nord-africaine.

Au firmament de mon stress, alimenté par l’idée de devoir effectuer un éreintant parcours à pied pour me rendre at home puis d’expliquer au paternel que le flambant deux-roues était irrémédiablement passé au compte des pertes, j’ai allègrement pris place sur le siège avant du véhicule et refermé vivement la portière tout en remerciant le destin de ce bon samaritain qu’il venait de m’envoyer.

Oui parce qu’en 1976, avoir les cheveux longs et faire du stop après 23 heures le soir à la périphérie de Strasbourg relevait d’une hasardeuse tentative vouée la plupart du temps à un fort sentiment de frustration quant à son succès, rapport aux bonnes gens peu amènes et sensibles à ce type d’initiative.

Toujours est-il qu’en bon taksif guidant Mohamed vers mes lointaines pénates, l’inespéré carrosse a traversé sans encombres nombre de bleds où Mohamed n’avait jamais eu connaissance de quelconques cousins, encore moins mis l’ombre d’un pouillème de babouche, tout en longeant de voluptueuses oasis regorgeant de choux proéminents, de champs de maïs et foison d’arbres à schnaps sur lesquels se balançaient avec ivresse de nocturnes indigènes alsaciens éméchés et braillards, bifurqué à des croisements de routes indiquant d’imprononçables noms de villages afin d’annihiler tous demande de subventions de non-autochtones à la municipalité, pour enfin entamer les derniers kilomètres restants menant à la chaleureuse casbah parentale. Ce fut le moment choisi par Mohamed, interrompant une discussion jusqu’alors amène mais diserte - la proche fin du trajet justifiant les moyens – d’exprimer le motif sous-jacent de ma prise en charge dans son véhicule par cette innocente et limpide interrogation, directe, spontanée :

- « T’y veux que j’y ti suces ? ».

Le jeune Cendrillon niais et post-adolescent que j’étais à l’époque venait d’être sournoisement frappé par un violent et inattendu missile Exocet avec pour conséquence de l’exploser mentalement en mille morceaux. Mohamed avait tapé en plein dans le mille et la cible fut totalement atteinte. Que répondre quand une folle déstabilisation vous gagne tout en essayant de formuler une réponse pleine et entière, cohérente, que celle-ci se situe entre la poire et le fromage, la chèvre et le chou, l’appréhension et le désir inavoué ?

Ma première réaction se voulut catégorique en rejetant son avance, balbutiant confusément d’inévitables salamalecs catéchisés, de ceux qui fleurissent en d’immatures esprits, propres à relayer d’ineptes déclarations relatives à la négation de l’homosexualité entre autres: qu’il appartient à chacun d’être libre de faire les cochonneries qu’il veut à condition que les sodomites fassent cela discrètement entre eux, en se cachant, en se maudissant, marqués par le fer incandescent de la honte et du remords, ainsi que foule d’autres arguments tout aussi impersonnels émergeant hagards et épars de mon incontrôlable trouble.

Bien évidemment, le profond refoulement d’où fusait l’entièreté de ce pseudo-évangile judéo-chrétien, tissé au fil d’insidieuses années d’un amphigourique prosélytisme médiatique et socio-culturel, traduisait une inquiétante fragilité. A la honte de passer pour une personne homosexuelle - un « pédé », une « taffiole », une « tante » - doublée de l’aveux de sinistres penchants que la morale dominante réprime et combat, s’ajoutait un fort ressenti émotionnel quant à l’éventualité que mes parents et l’ensemble de la famille réagissent de sorte à ce que mon existence ressemble dorénavant à celle d’un paria honni et montré du doigt, un être ridiculisé et psychiquement diminué, socialement excommunié.

En somme, le baiser d’un homme d’un soir comme visa pour l’archi-pelle du goulag.

S’il peut vous sembler que j’en rajoute, sachez qu’au vu du contexte et des mentalités de cette époque, la liberté des mœurs et autres revendications minoritaires n’avaient pas encore convolés en justes noces avec Internet ni la large diffusion médiatique des modes et des opinions.

Cerise sur le gâteau si j’ose dire, la mythique peur de maladies vénériennes conjuguée à l’impossibilité de m’assoir séant pendant un certain nombre de jours se mêlaient à la hantise de mon esprit, bien que de prime abord Mohamed ne m’apparût point comme un mal ou trou.

Et puis et puis…

Et puis avant le dernier virage qui filait tout droit vers la maison parentale, qui pour leur profonde affection ne méritaient cette déchéance pensais-je, sourdait ombrageusement au fond de moi une forte excitation qui inondait mon bas-ventre d’agréables fourmillements allant crescendo, éveillant sensualité et fort désir de volupté. Et l’adolescent qui depuis ses treize ans enfilait secrètement la lingerie de sa mère avant de se masturber, se travestissait en empruntant les dessous et vêtements de ses sœurs aînées, se mirant ersatz féminin devant sa psyché afin de bien sentir surgir son plaisir à la force du poignet, cet adolescent-là a susurré un infime et faible « …oui… »,

l’espace d’un souffle très court dans un silence atomique. Et Mohamed a souri, n’a plus emprunté la direction indiquée, ni le dernier virage, mais s’est appliqué à continuer tout droit en logeant une paisible route de campagne bordée d’un touffu sous-bois, propice à de discrètes prestations. De là, vient certainement l’expression « les tournants de l’histoire ».

Et je me suis effectivement tourné après lui avoir susurré à l’oreille entre deux embrassades que ce qui m’excitais le plus était de faire la chèvre, pendant que lui, vulgaire satrape, m’enfoncerai le choux. Avant cela j’adorerai également sucer sa poire pendant qu’il lécherait mon fromage. Me voilà enfin arrivé aux travaux pratiques après toutes ces années passées à refouler fantasmes et désirs en attendant de croiser sur ma route un prince charmant à même de me dépuceler l’arrière-train. Que c’était excitant de se retrouver nue avec cet homme, d’éprouver la bienheureuse sensation d’être l’objet de son désir sexuel, passive et obéissante à la merci de sa seule volonté, puis de caresser son sexe en érection et de le lécher lentement, consciencieusement, pour son unique plaisir, signe de ma complète soumission.

Je ressentais un fort éblouissement intérieur qui m’inondait les tripes, ravie de réaliser qu’enfin il m’arrivait de transgresser ce satané tabou en révélant ma véritable nature et mon légitime genre sexuel : me faire mettre comme une « femelle »e par un mâle me dominant, ne manquaient que perruque et porte-jarretelle pour que la jouissance soit à son comble. Et de plus, là, à peine un kilomètre depuis la maison familiale, foyer de toutes contraintes et autorités.

Néanmoins ce qui s’est passé ce soir-là dans le lupanar à roulettes ne vaut même pas la peine d’être narré tant le scénario fût pauvre et la chair plus que faible, les muscles mous et de détendue n’était que la peau. Aux tentatives et à la persévérance de mon patient partenaire répondaient en écho mon inexpérience et mes maladresses fiévreuses, tant et si bien qu’après une petite demi-heure, la messe fût dite. Même de réciproques branlettes nous laissaient comme deux glands. Mohamed décidait alors de jeter l’épon ...

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